the loosing cream machine

Les crèmes minceur sont misogynes.

Moins 12% de gras aux genoux, moins 2cm aux cuisses, moins 20% sur ventre-taille-hanche. Le matin, le soir ou en dormant, selon la marque. Plus 30% de fermeté sous le bras, plus 42% de densité du mollet, plus 27% d’élasticité à l’intérieur des cuisses. En 7 jours, 14 jours ou 21, selon le prix.

Zut alors, après tous les efforts qu’on fait pour se regarder en globalité et arrêter de faire des fixettes sur des petites parties du corps… voilà que les crèmes nous morcellent le corps… et qu’on achète.

Pas grave, c’est bien connu, on achète de la motivation, on assume notre woman-paradox. On s’achète une loosing-cream comme on s’achète un body-dream. Au minimum, petit massage quotidien fera remonter estime du corps.

Ouais ouais. Bof.

Moi j’ai tout essayé.

Même de superposer les crèmes pour cumuler les pertes. Raisonnement mathématique on ne peut plus logique : une crème qui promet -2cm PLUS une crème qui promet -4cm EGALE -6cm.

Même d’acheter les plus chères.

Même de cumuler les plus chères.

Même de crémer 3 fois par jour, en alternant les crèmes.

Même de crémer 3 fois par jour des superpositions de crèmes différentes selon les parties du corps, en alternant les crèmes.

Même d’être super conne et d’assumer, donc.

Même d’être une super conne qui s’assume et super fauchée, donc donc.

Donc donc donc : moi j’ai tout essayé, même d’être conne, fauchée et grasse.

Cette année je change tout : cette année, j’essaye d’être intelligente, riche et ferme.

A la place, je vais m’offrir des chaussures à talons qui galbent gambettes, un pantalon coupé à vous enfériser n’importe quel cul, un tee-shirt blanc dément à vous glamouriser une sainte. Je les porterai avec un rouge à lèvres rouge-rouge mat à vous enflammer les conversations et mon fume cigarettes années 20 so chic qu’il transforme toute phrase anodine en philosophie ultra spirituelle.

Il me restera tout juste de quoi m’offrir une crème corps hydratante de base, qu’un homme torride me tartinera sur le corps. Lui, c’est sûr, il ne me dira jamais « tiens, t’as moins deux centimètres au cul ».

Parce que cette année, ayant décidé d’essayer d’être intelligente riche et ferme, je ne choisirai pas un homme misogyne qui cause comme une crème. Plus jamais. Plutôt un homme qui en est une, de crème.

Out les crèmes à perdre, place aux love-me-cream.